Macron veut piloter le train fou lancé vers la 3e guerre mondiale

jeudi 14 mars 2024

Chronique stratégique du 14 mars 2024


« L’ineptie crasse d’un quart de siècle d’interventions militaires occidentales aurait dû nous servir de leçon. Apparemment, ce n’est pas le cas. » C’est ainsi que le chroniqueur britannique Simon Jenkins conclut une tribune parue le 5 mars dans le journal londonien The Guardian.

À l’instar de ceux qui affirment que le discours du président Joe Biden sur l’état de l’Union était « l’un des meilleurs de tous les temps », les officiers de l’armée et les agences de renseignement qui défendent la politique occidentale de soutien à l’Ukraine, ainsi que les intérêts financiers criminels qui en profitent, y compris la Silicon Valley et ses annexes, ne peuvent pas abandonner leur investissement psychologique (et monétaire) de plus de quatre décennies dans ce qu’ils ont appelé la « révolution dans les affaires militaires » et qu’il faudrait plutôt nommer « révolution des affaires militaro-financières ».

En conséquence, le monde est aujourd’hui aux portes d’une guerre thermonucléaire. « Mais alors que le conflit en Ukraine se retrouve aujourd’hui dans une impasse parfaitement prévisible, la stratégie de l’Otan a perdu toute cohérence. C’est le moment où de telles guerres deviennent incontrôlables, avertit Jenkins. Il n’y a cependant pas d’impasse : la Russie consolidera la défaite militaire déjà évidente de l’Ukraine, à moins que l’Otan – c’est-à-dire les États-Unis – ne déclenche une guerre thermonucléaire. » Le journaliste britannique ajoute qu’il est dans l’intérêt de l’Ukraine de négocier, reprenant l’appel lancé par le Pape lors d’une interview, le 9 mars : « Quand vous voyez que vous êtes vaincu, que les choses ne marchent pas bien, il faut avoir le courage de négocier. »
 

Macron dans la cabine du conducteur


Le problème, pour nous Français, c’est que plus de 20 ans après avoir dit « non » à la guerre criminelle des États-Unis en Irak, la France est remontée dans le train de la guerre, et le président Macron, sans doute tenté par une fuite en avant à des fins électorales, a même décidé de s’en faire le conducteur en chef, oubliant définitivement le temps où il promettait d’en finir avec « le néoconservatisme importé en France depuis dix ans ».

Le 8 mars, dans le prolongement des déclarations faites par Macron le 26 février sur la possibilité d’envoyer des troupes de l’Otan en Ukraine, le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s’est rendu en Lituanie où, selon Politico, il venait dans l’intention de constituer une alliance de pays ouverts à l’envoi potentiel de troupes occidentales en Ukraine et, ce faisant, mettre sous pression l’Allemagne, qui freine sur ce point.

« Ce n’est pas à la Russie de nous dire comment nous devons aider l’Ukraine dans les mois ou les années à venir », a déclaré Séjourné lors d’une réunion présidée par le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, et à laquelle participait son homologue ukrainien Dmytro Kuleba. « Ce n’est pas à la Russie d’organiser la manière dont nous déployons nos actions, ni de fixer des lignes rouges. C’est donc entre nous que nous décidons de la question. »

Le ministre français a évoqué à plusieurs reprises les opérations de déminage comme une possibilité, affirmant que cela « pourrait impliquer d’avoir du personnel, [mais] pas de se battre ».

Dmytro Kuleba s’est montré le plus provocateur, déclarant en avoir « marre » des craintes d’escalade. « Notre problème, c’est qu’il y a encore des gens qui pensent à cette guerre du point de vue de la peur d’une escalade, a-t-il déclaré. De quel genre d’escalade avez-vous peur ? Que doit-il arriver d’autre à l’Ukraine pour que vous compreniez que cette peur est inutile ? »
 

La Pologne soutient Macron


Lisant un script qui pourrait bien avoir été écrit à Londres, le Premier ministre polonais Donald Tusk a déclaré lors d’une réunion du Parti populaire européen (PPE, le plus grand groupe au Parlement européen), le 7 mars à Bucarest, en Roumanie, qu’« une heure de guerre arrivait ». « Les temps de paix sont révolus. L’ère de l’après-guerre est terminée, a-t-il affirmé. Nous vivons des temps nouveaux, l’ère d’avant-guerre (…). L’illustration la plus dramatique en est, bien sûr, ce qui se passe dans la guerre en Ukraine ».

Son ministre des Affaires étrangères, Radek Sikorski, a quant à lui approuvé la récente initiative du président français Emmanuel Macron, déclarant que « la présence de forces de l’Otan en Ukraine n’est pas impensable », ajoutant qu’il l’avait appréciée, a rapporté le Kyiv Independent. Sikorski a ajouté que les alliés de l’Ukraine avaient dû revenir au « rôle originel de l’Otan », qualifiant la Russie de pays « qui ne peut pas vivre en paix avec ses voisins » et partager leurs valeurs, malgré les « encouragements répétés » de l’Occident. 
 

Le plan de l’Otan : détruire la Russie


Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a déclaré le 7 mars, lors d’une réunion, que l’appel du président français Emmanuel Macron à envoyer des troupes de l’Otan en Ukraine, ainsi que les remarques du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, selon lesquelles, en cas de défaite de l’Ukraine, l’Otan elle-même serait bientôt en guerre avec la Russie, reflètent tous la décision de l’Occident de redoubler d’efforts pour atteindre son objectif stratégique de détruire la Russie à tout prix.

« L’Occident collectif essaie d’aller de l’avant avec ses plans irréalistes, visant à infliger une défaite stratégique à notre pays en Ukraine en utilisant le régime terroriste néo-nazi, a déclaré Patrouchev. En continuant à fournir une assistance militaire et militaro-technique à grande échelle, l’Occident participe de facto au conflit armé.

« Face à l’échec de la contre-offensive ukrainienne et aux actions réussies des forces armées russes, le président français, à la suite de la conférence du 26 février à Paris sur l’Ukraine, n’a pas exclu la possibilité d’envoyer des contingents militaires de l’Otan en Ukraine, a poursuivi le chef russe de la sécurité nationale. Il a déclaré que les pays occidentaux avaient l’intention de faire tout ce qui est nécessaire pour empêcher la Russie de gagner en Ukraine.

« Dans son message à l’Assemblée fédérale, le président russe a rappelé le sort de tous ceux qui avaient envoyé leurs contingents dans notre pays, avertissant qu’aujourd’hui, les conséquences encourues par d’éventuels intrus seraient beaucoup plus tragiques et que la Russie dispose d’armes capables de frapper des cibles sur leur territoire », a souligné Patrouchev.